Ce matin, je suis partie très tôt – ou était-ce l’ombre de moi-même, comme en témoigne cet autoportrait voyageur :
Et mes pas composèrent ce poème :
Les gens de bon matin connaissent les odeurs;
Ils savent les poubelles, l’eau de Javel, les gants bleus.
C’est l’heure des fiers bouchers aux taches comme des fleurs,
L’heure où le poisson pue – la marge des vitrines
Retrouvera bientôt un semblant de fraîcheur.
Les gens de bon matin connaissent les saveurs;
Ils fument au trottoir un temps de liberté.
Leur café a le goût d’une maison retrouvée.
Les gens de bon matin au pas de travailleurs
Regardent en riant passer les vieux fêteurs
Dont les mégots amers auront jonché la nuit.